C’est une affiche rare. Le samedi 19 janvier, le gratin de l’extrême droite antisémite française doit se réunir pour une conférence commune consacrée aux mobilisations du moment. L’intitulé des discussions, « Gilets jaunes, ou la révolution qui vient ! », semble faire référence à l’ouvrage du Comité Invisible, L’insurrection qui vient. Pas certain que Julien Coupat et ses amis apprécient l’hommage.
Suicide squad
À l’origine de l’événement, Yvan Benedetti, « président envers et contre tout de l’Oeuvre Française », groupuscule néo-fasciste dissous à la suite de la mort de Clément Méric. Le gaillard aux tempes rasées de 53 ans est un vieux routier de l’extrême droite. En 2011, Yvan Benedetti est exclu du Front National dont il était membre du comité central, après s’être déclaré « antisioniste, antisémite, anti-juif ». Son altercation avec une journaliste de Quotidien, sur les Champs-Elysées le 1er décembre, lui a valu les honneurs du petit écran.
Samedi sur les Champs-Élysées,
salhiabrakhlia</a> a été prise à partie par Yvan Benedetti, à la tête du groupuscule d’extrême droite l’Oeuvre française.<a href="https://twitter.com/hashtag/Quotidien?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw">#Quotidien</a> <a href="https://t.co/y0E1Xl3a4Q">pic.twitter.com/y0E1Xl3a4Q</a></p>— Quotidien (
Qofficiel) 3 décembre 2018
Une présence pas vraiment du goût de tout le monde. Il est, ce jour-là, violemment éjecté de la manif par un groupe de militants antifascistes.
Ce qui n’empêchera pas Benedetti de participer aux manifestations suivantes, aux côtés de son acolyte, l’auteur « judéo-sceptique » Hervé Ryssen. Une vieille connaissance de StreetPress qui, dès 2012, dresse le portrait de ce « Mickaël Vendetta de l’antisémitisme ». Quatre ans plus tard, il décline notre demande d’interview en déclarant :
« Faites-moi signe dès que vous nourrissez des soupçons sur les bienfaits du judaïsme. »
Sur les réseaux sociaux, il vitupère contre le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux « lié de manière éternelle à Israël » par son épouse.
Menteur
BGriveaux</a> Je ne l'ai pas "insulté" J'ai dit que le grand-père de votre épouse, Alexandre Minkowski, était "violemment anti-chrétiens, anti-Blancs et pro-immigrés". J'ai cité les passages de son livre dans deux de mes ouvrages, avec les références. Je persiste et je signe <a href="https://t.co/TerkdNNPGu">https://t.co/TerkdNNPGu</a></p>— RYSSEN (
HRyssen) 7 janvier 2019
Le samedi 19 janvier, ils partageront la scène avec un autre nostalgique du Maréchal Pétain, Jérôme Bourbon, directeur de Rivarol, le seul hebdo pro-nazi de France. Le petit homme dodu dont StreetPress tirait le portrait ICI, s’est construit une petite notoriété sur la toile grâce notamment à ses punchlines racistes qu’il tweetait à un rythme effréné. Un compte qui n’est plus accessible depuis la France.
/ Crédits : LD
La star du show sera sans nul doute Alain Soral. Le président d’Egalité & Réconciliation a le CV le plus fourni : selon son propre décompte, il a été condamné à plus de 2 ans et 9 mois de prison (sans jamais avoir été en cabane) et plusieurs centaines de milliers d’euros d’amende, principalement pour incitations à la haine. Dans son viseur, encore et toujours, les juifs qui, tapis dans l’ombre, tirent les ficelles. Notre livre-enquête, « Le Système Soral », n’échappe évidemment pas à son obsession. On ne résiste pas au plaisir de vous remettre cette vidéo.
S’il n’a pas été vu dans les cortèges, il a publié sur Twitter une photo, gilet jaune sur le dos, entouré de sa clique.
Nous aussi, on y était ! pic.twitter.com/ot50E3FMqf
— Alain Soral Officiel (@AlainSoralOffic) 8 décembre 2018
Le dernier intervenant, bien qu’anti-républicain assumé, ferait presque figure de modéré. : Elie Hatem n’a jamais été condamné pour ses propos. Elie Hatem, avocat monarchiste et mondain, a notamment été le défenseur du mercenaire Bob Denard et de la princesse Hossa Bint Salman, fille du roi d’Arabie Saoudite. Hatem a également été candidat FN en 2014, avant de rallier les Comités Jeannes, initiés par son ami Jean-Marie Le Pen, pour les législatives de 2017.
Fantasme putschiste
L’affiche du spectacle ne donne que peu d’information quant au déroulé de l’événement. Comme il est d’usage pour les conférences d’Alain Soral, l’adresse ne sera communiquée aux participants qu’au dernier moment par sms. « Je ne connais moi-même pas le lieu », assure Elie Hatem, visiblement peu au fait des détails :
« Je ne sais pas non plus s’il s’agit d’une série de discours ou d’un débat. Dans tous les cas, je parlerai de Maurras. Le peuple réclame des libertés en bas et de l’autorité en haut. Vive le roi Elie 1er ! »
Si Elie Hatem envisage une transition « progressive » et « en douceur » vers la monarchie, les autres intervenants semblent espérer une rupture encore plus radicale : révolution nationale pour Yvan Benedetti (il explique son projet ici), ou coup de force policier selon Alain Soral (par là). Il n’est pas certain que les quelques dizaines de fans qui se rendront à la conférence de samedi suffisent à porter au pouvoir les natio’.
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